THEATRE
Quatre jeunes naufragés – deux maîtres et deux esclaves.
Une île étrange, lieu d’une société utopique, dans laquelle les esclaves se sont affranchis de leurs maîtres.
Un singulier jeu de rôles, où le maître des lieux somme les rescapés d’échanger leurs sorts ; et voici que les maîtres deviennent serviteurs, que les asservis se transforment en «patrons». Tout cela avec un but avoué : que les puissants prennent conscience des souffrances et humiliations subies par leurs anciens esclaves. À charge pour ces maîtres déchus de s’amender et de corriger leurs conduites, s’ils espèrent retrouver un jour leur liberté confisquée.
Dans l’Île des esclaves, ce sont les rapports sociaux fondés sur la hiérarchie des rangs qui se révèlent absurdes et précaires. Contre nombre de préjugés de son temps, Marivaux démontre dans son œuvre que les différences de conditions ne tiennent qu’au hasard de la naissance et ne sont pas fondées en droit. Mais il n’en tire pas pour autant de conclusions révolutionnaires : la fin de la pièce ne montre pas une abolition de l’esclavage, mais bien le retour à l’ordre initial simplement « ajusté » par l’amendement moral des maîtres.
L’auteur semble défendre une sagesse pratique faite d’endurance et de raison, qui repose sur l’idée qu’une organisation sociale hiérarchisée, avec ses séparations, ses pouvoirs et contre-pouvoirs, demeure nécessaire, si imparfaite et aléatoire soit-elle. Qu’en penser aujourd’hui ?
Informations et tarifs : https://www.latelier-a-spectacle.com/spectacle/theatre-olympia-cdn-de-tours/